Financement des JO : le secteur privé dans les starting-blocks



             Au total, seize partenaires et quatre fournisseurs ont soutenu le comité Paris 2024 jusqu'à la victoire.

             Progressivement, tout au long de la campagne qui a opposé Paris et Los Angeles, le comité Paris 2024 a vu les rangs de ses partenaires grossir au fil des mois. À la fin de la campagne, seize entreprises - seize grands comptes - sont devenues les principaux partenaires financiers du comité de candidature de la capitale : LVMH, Suez, Orange, BNP Paribas, Vivendi, AccorHotels, la SNCF, la Française des jeux, la RATP, la Caisse des dépôts et consignations (CDC), Elior, JCDecaux, la Maif, La Poste et, dernier arrivé, Bouygues Construction.

             Réunies au sein du Cercle des partenaires Paris 2024, ces seize entreprises, dont la plupart avaient déjà participé à la campagne malheureuse en 2005, font partie des fleurons de l'économie française, des leaders européens ou mondiaux qui hissent haut le pavillon français aux quatre coins du monde. À elles seules, ces entreprises pèsent plus de 500 milliards d'euros de chiffre d'affaires cumulé et emploient plus de 1,7 million de personnes.

             À ces partenaires s'ajoutent quatre fournisseurs officiels du comité de candidature : Lacoste, ADP, Air France et la Société du Grand Paris. Mais leur écot - le ticket d'entrée s'élevait à 2 millions d'euros - a permis à Paris 2024 de récolter 30 millions d'euros, soit la moitié du budget de candidature, l'autre moitié étant apportée par les autorités publiques (État, Région, Ville). Un budget qui, contrairement aux craintes émises par ceux qui doutaient des chances de Paris en 2013, n'a pas été dépassé pendant les trois ans de campagne.
« Il reste encore quelques millions d'euros en réserve », indiquet-on en interne.
             À titre de comparaison, le comité d'organisation de Tokyo 2020 disposait d'une enveloppe estimée à une centaine de millions d'euros pour convaincre les membres du CIO d'attribuer les Jeux à la capitale nipponne. L'olympisme ne rime pas toujours - plus ? - avec gabegie.

             Interrogé en février 2016 sur l'antenne de RTL, Bernard Lapasset, coprésident de Paris 2024, avait expliqué la philosophie de ces partenariats :
« Chaque société vient avec un modèle de ce qu'elle veut apporter aux Jeux. Chacun sera contributif du contenu de l'événement. Il ne s'agit pas simplement d'un partenariat de façade, d'images... Mais d'un partenariat d'action et de promotion sur la base même de l'innovation de chaque entreprise. »

Les valeurs de l'olympisme

             Mais avec ce partenariat, ces groupes veulent tirer commercialement parti des valeurs que véhicule l'olympisme, chacune d'entre elles ayant un discours adapté à sa propre stratégie de développement. Citons l'exemple de la CDC.
« Le groupe Caisse des dépôts est très fier d'être partenaire de Paris pour les JO 2024. Cette candidature fait écho à nos valeurs d'intérêt général. La construction du village olympique et paralympique nous permettra de montrer tous nos savoirfaire dans la conception de smart cities », déclarait Pierre-René Lemas, son directeur général, lors du lancement du Cercle des partenaires, en mai 2016.
             Arnaud de Puyfontaine, le président du directoire de Vivendi, était alors à peine moins euphorique :
« Nous soutenons avec grand enthousiasme la candidature de Paris pour les Jeux olympiques et paralympiques de 2024. Vivendi puisera dans la passion créative des équipes et des talents de toutes ses entreprises de médias et de contenus pour que le rêve de Paris 2024 se réalise. Plus que jamais, vivons ensemble, gagnons ensemble ! »
             Chez AccorHotels, le ton était également dithyrambique :
« AccorHotels est fier d'apporter son soutien à la candidature de Paris aux Jeux olympiques et paralympiques de 2024 et de soutenir un projet qui correspond à ses valeurs et à ses engagements quotidiens : l'hospitalité, la diversité, l'audace, le dépassement de soi. Paris 2024 constitue de plus une formidable opportunité d'oeuvrer en faveur d'une France attractive, dynamique et rayonnante », expliquait Sébastien Bazin, le président-directeur-général du groupe.
             L'attrait des JO est-il seulement commercial pour ces mastodontes de l'économie française ? Pas vraiment. Grâce à ce partenariat, elles comptent également dynamiser leurs ressources humaines. Selon une étude publiée en juin 2016 par le Centre de droit et d'économie du sport (CDES) de Limoges, l'impact des Jeux à Paris pourrait être de l'ordre de 5,3 à 10,7 milliards d'euros sur la capitale et la région francilienne, avec un nombre de créations d'emplois compris entre 119000 et 247000 sur les périodes 2017-2024 ; 2024 et 2025-2034. Un vivier au sein duquel ces géants ont bien l'intention de puiser.


Source : http://www.latribune.fr