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Comment les Sports ont été traités par les gouvernements successifs
Marie-George Buffet, Jean-François Lamour et Bernard Laporte : trois personnes qui ont tenu le portefeuille des sports.
Tantôt rattaché à la Santé, aux Loisirs et/ou à la Jeunesse, le ministère des Sports a rarement été un poste central ces vingt dernières années, faute d'un portefeuille important. Mais c'est parfois un tremplin.
Structure du ministère des Sports Une constante depuis le premier gouvernement Juppé (mai 1995, présidence Chirac) : le périmètre des Sports reste à géométrie très variable. Il a souvent été rattaché à la Jeunesse, après avoir par exemple figuré dans les années 1980 parmi les prérogatives du ministère du Temps libre (englobant sports, jeunesse, loisirs, tourisme...). C'est seulement sous le premier gouvernement Raffarin, au printemps 2002, que les Sports sont dissociés pour devenir un ministère à part entière, dirigé alors par l'ancien escrimeur Jean-François Lamour. Il en est de même à deux reprises dans les gouvernements Fillon, alors que l'arrivée de ce dernier à Matignon en 2007 (présidence Sarkozy) avait d'abord marqué un changement : un secrétaire d'Etat chargé des Sports, en l'occurrence Bernard Laporte, avait été nommé pour être la figure «terrain» d'un ministère qui englobait alors la Santé, la Jeunesse et les Sports, sous la houlette de Roselyne Bachelot. Depuis, les Sports ont été associés à la Vie associative, à l'Education nationale, à la Ville ou encore au Droit des femmes, à l'image du ministère brièvement dirigé (avril 2014-août 2014) par Najat Vallaud-Belkacem, au sein du premier gouvernement de Manuel Valls. Thierry Braillard en était le secrétaire d'Etat aux Sports.
Recours à d'anciens sportifs La tendance a pris forme au début des années 1980 et s'est accentuée : la moitié des ministres ou secrétaires d'Etat chargé des Sports qui ont été nommés depuis sont d'anciens sportifs de haut niveau. Multi-médaillé mondial et européen, vice-champion olympique (1964) en patinage artistique, Alain Calmat fut le pionnier, lorsque Laurent Fabius fit appel à lui à l'été 1984 pour le poste de ministre délégué à la Jeunesse et aux Sports. Ont suivi le sprinteur Roger Bambuck, secrétaire d'Etat chargé de la Jeunesse et des Sports, mais aussi l'ancien hurdler Guy Drut, Jean-François Lamour (escrime), Bernard Laporte (rugby), Chantal Jouanno (karaté) et David Douillet (judo). Soit sept issus du «sérail» sportif.
Versatilité du poste Le nombre d'ex-champions appelés au gouvernement depuis une vingtaine d'années souligne indirectement que les Sports ne sont pas exempts de remaniements, au contraire : l'alternance semble la règle, au regard de la longévité des «élus». Avant que Thierry Braillard n'occupe le poste de secrétaire d'Etat aux Sports pendant un peu plus de trois ans (sous Najat Vallaud-Belkacem comme ministre des Droits des femmes, de la Ville, de la Jeunesse et des Sports ; puis sous Patrick Kanner, ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports), aucun de ses récents prédécesseurs n'avait effectué plus de 700 jours en poste, que ce soit comme ministre ou secrétaire d'Etat. Les plus éphémères ? Les deux ministres David Douillet (233 jours) et Najat Vallaud-Belkacem (145 jours), tous deux très loin de la durée du mandat de Jean-François Lamour. L'ancien escrimeur a passé cinq années complètes aux Sports, comme ministre avec cet unique portefeuille (mai 2002-mars 2004) puis en gérant aussi la Jeunesse et la Vie associative (mars 2004-mai 2007).
Champ d'action et budget Par ricochet, le roulement au poste nuit à la mise en place et au suivi de projets. «Le mouvement sportif a besoin d'un ministre qui le comprenne. Pour ça, la durée est absolument nécessaire. Il faudrait au moins deux ans», déclarait Patrick Kanner en septembre 2014, quelques semaines après sa prise de fonctions. Pour peser, il faut du temps et... de l'argent. Jean-François Lamour était parvenu à avoir les deux, défendant un portefeuille en hausse autour du milliard d'euros. Il avait ainsi lancé la rénovation de l'Insep et, dans le sillage de la candidature (non aboutie) de Paris aux JO 2012, avait initié la création de nouvelles infrastructures. Depuis, le budget alloué aux Sports est généralement rogné et dépasse à peine les 800 M€, quand les collectivités locales apportent un soutien financier environ douze fois supérieur. Le ministère serait devenu «une voiture-balai», destiné à «gonfler le portefeuille», comme l'affirmait Lamour il y a trois ans au moment de l'arrivée de Vallaud-Belkacem comme ministre des Droits de la femme, de la Ville, de la Jeunesse et des Sports. «Il faut que la France devienne un grand pays sportif, où le sport irrigue l'ensemble de la société, estimait Roselyne Bachelot dans L'Equipe en mai 2007, à son arrivée comme ministre de la Santé, de la Jeunesse et des Sports. Le ministère des Sports était le plus petit de la République, c'était une formidable façon de le “ghettoïser”, de laisser croire que ce n'était que l'affaire de quelques-uns. Mettre le sport dans un grand ministère, c'est le placer au cœur de la société.» Sauf que les principales problématiques semblent, justement, échapper au(x) titulaire(s) du portefeuille : la sécurité dans les stades, le rôle des ultras, les paris sportifs...
Principales mesures Plus que la candidature de Paris aux JO 2024, personnifiée et portée en grande partie par Tony Estanguet et Bernard Lapasset, au point que le ministère des Sports se retrouve plutôt dans l'ombre, le bail du secrétaire d'Etat Thierry Braillard a accouché d'une loi sur l'éthique, la transparence et la compétitivité du sport français, mais aussi d'une mesure visant à interdire le MMA en France. Marie-George Buffet (ministre de la Jeunesse et des Sports, juin 1997 – mai 2002) avait initié et mené la lutte antidopage, avec une loi à son nom qui concernait plus largement la protection de la santé des sportifs. Une question du dopage reprise par Jean-François Lamour (mai 2002 – mai 2007), qui avait, dans un autre registre, programmé des réunions pour lutter contre la violence dans le football et notamment le football amateur. Roselyne Bachelot et sa secrétaire d'Etat aux Sports Rama Yade s'étaient penchées sur des questions éthiques, que ce soit pour réglementer la profession d'agents ou pour lutter contre le racisme dans les stades. Elles avaient aussi joué un rôle très... politique, après la grève de l'équipe de France de foot lors du Mondial 2010. Une posture qui souligne le fort aspect médiatique de la fonction. Pour le choix des hommes, à l'image de Bernard Laporte, pour ce qu'il convoquait comme image de meneur d'hommes (resté à la tête du XV de France à sa nomination, il avait pris ses fonctions près d'un semestre plus tard). Et pour le choix des femmes. Le ministère des Sports est parfois vu par certains comme un moyen de répondre à l'exigence de parité. Une «variable d'ajustement», résumait Jean-François Lamour en 2007, y voyant aussi «un tremplin, un poste d'attente, un moyen d'équilibrer les positions».
Source : L'EQUIPE
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