Nouvelles régions : le mouvement olympique cherche sa gouvernance



             La réduction à treize régions métropolitaines vient impacter l'organisation sportive.

             Particulièrement pour le mouvement olympique (CNOSF, CROS, CDOS) qui n'a jamais disposé de la colonne vertébrale que constituent les politiques sportives fédérales.

             5 régions conservent leur périmètre : Ile-de-France, Bretagne, Centre Val de Loire, Corse, Pays de la Loire. Si l'Ile-de-France se rapprochait par sa population de la Grèce, du Portugal, de la Belgique et par son PIB de la Suède, de la Suisse ou de l'Autriche, sa proximité fusionnelle avec l'Etat central et les directions sportives des fédérations nationale a toujours prévalu sur l'expression d'une identité sportive propre.



Tolérance jusqu'au 31 décembre 2017

             En sera-t-il toujours ainsi à l'avenir ? L'ensemble Nord-Pas-de-Calais Picardie pèsera 6 millions d'habitants, l'équivalent du Danemark ou de la Norvège. La population de la région Auvergne Rhône-Alpes se rapproche de celle de la Suisse. Les étendues, les distances donnent le vertige : 520 km entre le Nord de la région Aquitaine Limousin Poitou-Charentes et la frontière basque au sein d'un territoire grand comme l'Autriche. Comment développer des politiques cohérentes à l'échelle de ces territoires et répondre au besoin de proximité nécessaire à leur mise en œuvre ? La réponse du ministère des sports est connue depuis le 21 juillet 2015. Le ministre a rappelé aux présidents de fédérations que l'organisation territoriale des fédérations devait être calquée sur l'organisation des services administratifs français (ce qui veut dire un seul comité régional olympique et sportif (CROS) par région) et que cette nouvelle organisation devait être finalisée avant les assemblées générales électives, idéalement en 2016 avec une tolérance justifiée jusqu'au 31 décembre 2017. Or "cela, le mouvement sportif ne l'avait pas vraiment vu venir" constate Régis Fossati, président de l'actuel CROS Limousin.


Feuille de route

             Du côté du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), la réforme était déjà en route depuis plusieurs années. Depuis la disparition du Conseil national des CROS et CDOS (CNCD) et son remplacement par une commission des territoires présidée par Jean-Pierre Siutat (vice-président du CNOSF et président de la Fédération française de basket-ball). Objectif affiché : réaffirmer comme missions prioritaires du mouvement olympique : le soutien aux politiques de développement des fédérations ; le déploiement dans les territoires des actions initiées par le CNOSF. Un programme concrétisé par la signature, dans chaque région, "d'une feuille de route des missions déléguées (par le CNOSF) aux CROS et CDOS du territoire", véritable convention organisée autour de six axes : sport & santé, sport & éducation, sport & pratiques et citoyenneté, sport & équipement, sport & professionnalisation, sport & politiques publiques.


Comité de coordination régional

             Bien que le Comité olympique ne rentre pas dans l'obligation de faire évoluer son organisation en miroir de l'organisation déconcentrée du ministère des sports, il a donc décidé de mettre en œuvre la réforme. Dans chaque région (y compris les régions non touchées par les regroupements), un "comité de coordination régionale" a été mis en place. Sa mission "échanger, débattre, organiser sur toutes les questions pour, à terme, n'avoir plus qu'une structure dans la région" (Jean Smith, président du CDOS Ile-et-Vilaine). Pour Johan Cauet, directeur de la délégation des territoires du CNOSF, "c'est l'occasion de nous questionner, de faire évoluer nos comportements, de rationaliser nos actions et de mieux mutualiser les moyens". Un comité national de coordination pilote les travaux devant à terme permettre de n'avoir qu'un CROS par région (PACA compris).


Priorité au projet

             "Dans le Nord-Pas-de-Calais Picardie (aujourd'hui Hauts de France), nous avons posé comme préalable de réfléchir à un projet sportif pour le territoire avant d'en venir à la question des structures, des moyens ou des hommes", explique Claude Fauquet, président du CROS Picardie et ex-directeur technique national de la natation. "Le sport fait partie du programme du nouveau président de région. Dans ce nouveau et grand territoire, le pouvoir exécutif régional aura besoin de têtes de réseau compétentes pour déployer sa politique. La question est de savoir si le mouvement sportif sera en capacité de proposer plus que ce qu'il fait habituellement". Même constat pour Régis Fossati dans le Limousin, "Par la force des choses, les territoires (région et EPCI) vont tenir de plus en plus de place dans notre quotidien. Nous devons tout à la fois être capable de déployer des politiques cohérentes à l'échelle de la région et répondre au besoin de proximité nécessaire à leur mise en œuvre".


Nouvelle gouvernance

             Progressivement, émerge l'idée d'une mise en réseau des structures et des compétences et s'ouvrent des perspectives, des modes d'organisation et de travail nouveau : "Travailler à l'échelle d'une grande région va certainement beaucoup faire évoluer notre pratique. Nous essayons d'anticiper ces évolutions : recours au télétravail, visioconférence, création de bureaux relais pour - là où on sera - consacrer au travail les temps morts qui existeront autour des nombreuses réunions auxquelles nous devrons participer", précise Pascal Chardonnet, directeur du CROS Picardie. Mais tous les acteurs le soulignent. Les projets n'aboutiront que si le mouvement sportif sait recruter les talents, bénévoles et professionnels dont il aura besoin et s'il renouvelle son modèle économique. En imposant à marche forcée une nouvelle organisation, la réforme en cours consacre la nécessité d'une nouvelle gouvernance du mouvement olympique français. Le sport étant resté une compétence partagée, la page est blanche. Il sera pris en compte s'il trouve et prouve son utilité. C'est peut-être là sa chance.


Le mouvement olympique

             CROS : 27 à ce jour ; passage à 12 CROS métropolitains en 2018. 96 CDOS d'ici à 2018.
Le regroupement de certains CDOS n'est pas exclu dans le cadre de la mutualisation des moyens.
Outre-mer : inchangé.
Chaque CROS et chaque CDOS sont constitués en association loi 1901. Chacun doit être reconnu par le CA du CNOSF pour bénéficier de l'appellation "olympique". Tous les nouveaux CROS seront olympiques à cette condition.
Pilotage national : comité de coordination national et commission des territoires du CNOSF.
Salariés : huit coordinateurs interrégionaux et trente référents territoriaux.