JO 2024 : la candidature de Paris validée



            Après des interventions de chaque groupe politique, lundi 13 avril, Anne Hidalgo a fini par inviter les membres du Conseil de Paris à « procéder à un vote historique qui marque un moment important dans notre vie collective ». Une forêt de mains qui se lèvent, puis des applaudissements. A 10h39, la maire de Paris le déclare solennellement : « Mes chers collègues, nous voilà engagés dans l'aventure olympique. »

             Impossible pour l'heure de quantifier avec exactitude le décompte, mais l'issue du résultat ne souffre aucune contestation. Les membres du Conseil de Paris ont adopté le vœu que leur a transmis Anne Hidalgo, le 23 mars. Désormais favorable aux Jeux d'été malgré le traumatisme des récents échecs parisiens (1992, 2008 et 2012), la maire de la capitale leur proposait d'« engager pleinement et avec responsabilité Paris » vers un acte de candidature officiel, d'ici au 15 septembre prochain.

             A l'occasion d'un point presse organisé un peu plus tôt dans les salons de ce même Hôtel de ville, Anne Hidalgo avait affirmé en préambule sa satisfaction d'avoir remporté l'adhésion massive de dix-neuf des vingt arrondissements parisiens, les 30 et 31 mars. « La question n'est pas “est-ce qu'il faut organiser les Jeux olympiques”, mais plutôt “pourquoi faut-il les organiser” ? Notre candidature doit porter ce message universel du 11 janvier, a-t-elle affirmé en allusion aux manifestations contre les attentats terroristes ayant visé le journal Charlie Hebdo et une supérette casher. Le sport doit être un facteur d'inclusion dans notre société cosmopolite. »

             Pour le président de la région Île-de-France, Jean-Paul Huchon, « ce vote des élus parisiens est une très bonne nouvelle. Nous sommes désormais tous unis pour une candidature collégiale - Etat, Région et Ville - derrière Bernard Lapasset et le mouvement sportif. Avec une telle association, les chances d'une candidature officielle de Paris sont renforcées. Il faudra que cette candidature ait des retombées économiques et culturelles pour l'ensemble des Franciliens et des Français. »


Le « rapport d'opportunité » enthousiaste

             Dans le long processus olympique, cette session d'avril marque une étape significative. Elle s'inscrit dans le prolongement du « rapport d'opportunité » remis en grande pompe dans les salons de l'hôtel de ville, il y a deux mois, pour démontrer l'intérêt d'accueillir l'événement planétaire, estimer le coût d'une candidature (environ 6,2 milliards d'euros, un montant volontairement présenté comme raisonnable) et souligner ses chances de victoire face aux villes déjà officiellement prétendantes (Hambourg, Rome, Boston).

             Un rapport enthousiaste, soit, mais sans réelle surprise. Mme Hidalgo l'avait reçu des mains de Bernard Lapasset, président du Comité français du sport international, dont la mission consiste précisément à obtenir l'organisation d'un tel raout en France. Mis dans la confidence, seuls quelques privilégiés ont également pu prendre connaissance du document dans son intégralité.

             Parmi eux, Patrick Kanner, ministre de la ville, de la jeunesse et des sports, ainsi que Jean-Paul Huchon, président de la région Ile-de-France. Le reste de la population, y compris les membres du Conseil de Paris, se contentera donc pour le moment de la note de synthèse d'une quarantaine de pages, censée en résumer quelque 250 (sans trop entrer dans les détails, confidentialité oblige)


Un Conseil de Paris à l'unisson

             Lors de cette séance du 13 avril, à gauche comme à droite de l'échiquier politique, la majorité des cent soixante-trois membres du Conseil de Paris a voté en faveur d'une candidature parisienne aux Jeux 2024. Les 30 et 31 mars, en interne, ce vœu d'Anne Hidalgo avait déjà été approuvé au sein de dix-neuf des vingt arrondissements de la ville. Seul le 2e arrondissement, comme on pouvait s'y attendre de la part d'un territoire où les écologistes détiennent la majorité, a rejeté le texte. A l'exception d'Europe Ecologie-Les Verts (et de Danielle Simonnet, élue du Front de gauche), au moment de se prononcer au Conseil de Paris, tous les groupes politiques ont donc affiché la même volonté d'accueillir les JO. Là-dessus, le consensus vaut pour tous : socialistes de la majorité municipale comme communistes, radicaux de gauche, centristes et opposants de droite.


L'enjeu du vote

             Le vote positif de lundi a une conséquence immédiate : permettre à la Ville de Paris de participer aux travaux de l'association Ambition olympique et paralympique, qui se réunira pour la première fois mercredi 15 avril, pour plancher sur « une feuille de route », a indiqué le centriste Jean-François Martins, adjoint aux sports d'Anne Hidalgo présent à ses côtés. Conçu en vue d'une candidature, cet atelier comprend déjà le Comité national olympique et sportif français et la région Ile-de-France, qui a annoncé son adhésion par la voix de Jean-Paul Huchon. Pour la classe politique, il s'agit ici de créer cette symbiose avec le mouvement sportif qui avait tant fait défaut à Paris lors de sa défaite face à Londres pour la tenue des Jeux olympiques 2012.

             Conformément au souhait d'Anne Hidalgo, les membres du Conseil de Paris ont donc décidé de rejoindre le groupe d'étude qui travaillera sous la présidence de Bernard Lapasset. Par ailleurs président de World Rugby, la fédération internationale de ce sport, l'homme a été nommé dès décembre 2012 par le gouvernement français pour diriger le Comité français du sport international. Sa feuille de route ? Faire oublier les multiples candidatures ratées en à peine plus de vingt ans (Jeux d'été 1992, 2008 et 2012 pour Paris, 2004 pour Lille et Jeux d'hiver 2018 pour Annecy) et refaire de la France « une terre d'accueil de premier plan pour les plus grands événements sportifs internationaux ». De fait, Paris attend le retour des Jeux olympiques en son sein depuis l'édition de 1924.


Les prochaines échéances

             L'officialisation de la candidature de Paris aux Jeux olympiques 2024 appartiendra à Anne Hidalgo et à Bernard Lapasset. Tous deux ont jusqu'au 15 septembre prochain, date limite de dépôt, pour cosigner l'acte officiel. « Il faut faire attention à ne pas nous faire doubler dans la ligne droite », a ajouté Anne Hidalgo. Face aux médias, la maire de Paris a annoncé que le dépôt de la candidature surviendrait en principe « entre juin et septembre 2015». La France aurait alors à peine deux ans pour convaincre les membres du Comité international olympique. Le choix de la ville qui accueillera les Jeux olympiques se fera en effet durant l'été 2017, à Lima (Pérou), à l'occasion de la 130e session du Comité international olympique.

             La maire de Paris a annoncé lundi que le dépôt de la candidature surviendrait en principe « entre juin et septembre ». D'ici-là, la toute nouvelle association Ambition olympique et paralympique se réunira pour la première fois, mercredi 15 avril, pour plancher sur « une feuille de route », a indiqué Jean-François Martins, adjoint aux sports d'Anne Hidalgo.

             Entre-temps, Anne Hidalgo aura également à gérer un autre dossier en parallèle : Paris a jusqu'au printemps 2016 pour postuler à l'organisation de l'Expo universelle de 2025. « Pour l'instant, il faut faire progresser les deux candidatures, chercher même les complémentarités. L'Expo est portée par l'Etat, pas par Paris », avait rappelé Mme Hidalgo au Parisien, longtemps partagée entre ces deux rendez-vous. D'ici là, l'édile entend lancer l'année prochaine « une grande consultation » auprès des Parisiens. Une échéance tardive, puisque la date butoir des candidatures pour les JO 2024 tombera quelques mois plus tôt, dès septembre 2015. « Je ne sais pas encore si cette consultation sera un référendum », a ajouté lundi la maire de Paris.

             Pour l'heure, à la veille du vote du Conseil de Paris, 61 % des Français se disaient favorables à l'accueil des Jeux olympiques, d'après un sondage publié dimanche 12 avril par l'institut Odoxa pour Le Parisien-Aujourd'hui en France. Mais, s'il fallait choisir entre l'un ou l'autre de ces événements, une majorité de personnes interrogées (57 %) préférerait toutefois se focaliser sur l'organisation de l'Exposition universelle.

Adrien Pécout, Journaliste au Monde


Source : www.lemonde.fr